L’Imagerie a invité en 2023 l’artiste vidéaste Laure Subreville, accompagnée de son ingénieur du son Guillaume Cassagnol, pour un temps de résidence et d’ateliers avec une classe de seconde professionnelle CGEA (conduite et gestion de l’entreprise agricole) au sein du Lycée Pommerit-Jaudy à La Roche-Jaudy. Diplômée de l’École des beaux-arts de Bordeaux en 2017, elle explore dans ses courts métrages documentaires des enjeux sociaux, ethnologiques et politiques en lien avec différentes communautés. Entre le 02 et le 13 janvier, les élèves de la classe associée au projet ont pu découvrir la démarche de l’artiste et ont été initiés à la captation vidéo, sonore et à la post-production lors de plusieurs séances de pratique artistique.
Les neuf demi-journées au lycée avec Laure Subreville et Guillaume Cassagnol se sont organisées autour de l’apprentissage des étapes de création d’un court métrage, de la captation sonore et vidéo à la post-production et au montage (étalonnage et mixage). Chacun à leur tour, les élèves ont été amenés à expérimenter, à se répartir différents rôles durant un tournage (cameraman, preneur de son) et à retravailler par la suite leurs captations sonores et visuelles. Ce projet leur a permis d’être au cœur d’un processus de création artistique, de découvrir les métiers liés au milieu de l’audiovisuel et d’adopter un nouveau regard sur leur travail et leur quotidien au lycée agricole.
La première séance était consacrée à la présentation du travail de Laure Subreville, avec la diffusion d’extraits de courts métrages, et à la description de l’équipement audiovisuel que les élèves allaient manipuler dans le cadre des ateliers de pratique artistique. Durant la séance suivante et sous forme de petits groupes, les élèves ont manipulé ces équipements (de la perche son aux microphones et à la caméra) puis retravaillé des sons en utilisant des synthétiseurs analogiques et modulaires. Durant l’après-midi, des petits groupes d’élèves munis d’enregistreurs ont capté des sons au sein du lycée. Après avoir réécouté puis modifié les captations sonores réalisées la veille, les élèves ont ensuite utilisé un capteur d’ondes électromagnétiques en faisant résonner divers matériaux pour écouter des sons inaudibles à l’oreille humaine. La matinée s’est conclue par une suite d’entretiens avec les élèves, au cours desquels ils ont évoqué leur quotidien et leur avenir.
Les dernières journées ont été consacrées au tournage de scènes dans le lycée. Pendant que des élèves réalisaient des captations sonores autour des machines et engins agricoles présents dans le pôle laitier, un autre groupe accompagnait l’artiste pour filmer des scènes du court métrage final. Dans l’après-midi, les élèves ont réalisé des prises vidéos et sonores dans le pôle canin. Dans le pôle équestre de l’établissement, les élèves ont pu filmer des mises en scène d’autres élèves nettoyant et promenant les chevaux dans et autour des écuries. Lors de la dernière séance, les élèves ont été initiés aux étapes de post-production d’un film, notamment le montage vidéo, le montage sonore et l’étalonnage des scènes pour éviter les faux raccords.
La restitution de la résidence a pris la forme d’un court métrage intitulé Fin de chantier, réalisé par Laure Subreville à partir des captations sonores et vidéos des élèves de la classe associée au projet. Le court métrage a été diffusé dans l’amphithéâtre du lycée devant plusieurs classes du lycée (150 élèves au total), à la suite de la restitution du travail mené par la compagnie d’acrobates Ino Kollectiv en résidence avec une autre classe du lycée.
Diplômée en 2017 de l’ebabx, l’école des beaux-arts de Bordeaux, Laure Subreville a passé une année au Pavillon, résidence de création internationale à Bordeaux en 2018. Elle a pu travailler avec l’artiste Ange Leccia et développer un projet singulier autour d’un premier collectif d’hommes pratiquants la lutte, Le Printemps et L’Été. Elle a ensuite poursuivi son travail dans le cadre de deux résidences en Nouvelle-Aquitaine. Le programme Artiste en entreprise lui a permis de tourner dans un atelier d’affûtage, Durousseau Outils Coupants, à Cenon et de produire le film Jean-Baptiste. Elle a ensuite intégré la résidence itinérante <3 avec son projet Plein air. Les enjeux sociaux, ethnologiques et politiques sont devenus majeurs dans ses vidéos et constituent aujourd’hui le fondement de son travail.
Après plusieurs courts métrages liés par la forte présence de la musique, tels que Fortuna (2020), soutenu par la bourse de soutien aux artistes face à la crise, du Frac Nouvelle-Aquitaine Meca et l’aide à la création de la DRAC Nouvelle-Aquitaine, ou Artémis (2022), en duo avec l’artiste Christophe Doucet, l’agence Sens commun à Lormont et l’IME de Lesperon, Laure Subreville a réalisé son premier documentaire, un projet d’envergure en Guyane française qui a vu le jour en mai 2022, Camopi One, centré sur les questions musicales et ethnologiques avec la communauté Wayãpi dans le village de Camopi, sur le fleuve Oyapock. Ce projet est issu d’un partenariat avec l’ensemble Variances (musiques contemporaines), Thierry Pécou (compositeur), le Parc amazonien, Massala production et l’ethnomusicologue Jean-Michel Beaudet.
Aujourd’hui, elle poursuit ses recherches à travers plusieurs films en cours d’écriture ou de production : Parlez-moi d’amour, un court-métrage documentaire avec des résidents d’Ehpad, Crique Diamant, un autre court-métrage, toujours en Guyane, soutenu par Normandie Images, ou encore The Loves of Æneas, autour de l’opéra de Henry Purcell, avec l’ensemble Les Argonautes et Massala. Ce dernier a fait l’objet d’une acquisition par le Frac Nouvelle-Aquitaine Meca en 2023.
Le projet « Corps à corps : entre cirque et vidéo » s’inscrit dans le cadre d’un partenariat avec Le Carré Magique (Pôle national cirque en Bretagne) qui a organisé la résidence d’un collectif de voltigeuses, Ino Kollektiv, avec une autre classe de l’établissement sur la même période. Ces temps de résidence et d’ateliers, menés en parallèle, ont permis de croiser les regards et les disciplines autour de thématiques communes et de favoriser les échanges et les rencontres entre élèves.
Le projet « Corps à corps : entre cirque et vidéo » a reçu le soutien de la DRAC Bretagne.