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05.11.2022 - 11.02.2023

Une ligne formée
de points

Tomiyasu Hayahisa

Né en 1982 à Chigasaki, Tomiyasu Hayahisa commence ses études à la Tōkyō Kōgei Daigaku, avant de s’installer en Allemagne et de poursuivre sa formation à la Hochschule für Grafik und Buchkunst de Leipzig. C’est là qu’il rencontre l’artiste conceptuel allemand Peter Piller, dont il suit l’enseignement durant plusieurs années et qui va fortement influencer son travail. On retrouve en effet dans les séries photographiques que Tomiyasu Hayahisa a réalisées depuis une quinzaine d’années, à des degrés divers, certaines composantes significatives de l’art conceptuel : une approche typologique des sujets abordés, la définition de contraintes qu’il s’impose avant l’étape de prise de vue et une démarche systématique voire répétitive une fois les projets entamés.

Première présentation en France des œuvres de cet artiste japonais, l’exposition Une ligne formée de points rassemble cinq de ses séries. Toutes rendent compte du processus de création qu’il a rapidement mis en place alors qu’il était encore étudiant, à partir de séquences d’images dépeignant des situations apparemment simples et banales : une table de ping-pong dans un parc, des horloges publiques mal réglées, des poteaux de signalisation en mauvais état… Il réunit ainsi des ensembles composés de plusieurs dizaines voire centaines d’images, sous la forme d’installations ou de diaporamas. Image après image, certains éléments reviennent inlassablement, formant la trame de narrations volontairement fragmentaires, comme trouées. Progressivement, chaque point isolé se retrouve associé aux autres, dessinant un ensemble cohérent dont le sens jaillit soudain, dès lors que cet ensemble est appréhendé dans son intégralité.

Tomiyasu Hayahisa, Sans titre, série « TTP », 2012-2016
 

 

 

Un jour qu’il regarde à sa fenêtre, Tomiyasu Hayahisa aperçoit un renard qui traverse le parc au pied de son immeuble. Le temps de se saisir de son appareil photo et le renard a déjà disparu. Il guette son retour à plusieurs reprises sans qu’il ne réapparaisse. Au fur et à mesure de ses observations, la table de ping-pong en ciment installée dans le parc retient son attention. En effet, celle-ci est utilisée par beaucoup de personnes différentes mais pour des usages qui n’ont que peu de rapport avec le ping-pong. Sur les images de la série, on voit qu’elle sert tour à tour d’endroit où bronzer, faire sécher du linge, changer la couche d’un bébé, s’abriter de la pluie, pique-niquer ou brosser son chien.

Pendant cinq années, l’artiste a documenté la vie de cette table de ping-pong et ses multiples usages. Le cadrage est toujours sensiblement le même : la table au centre de l’image, entourée d’une barrière métallique bleue et une haie broussailleuse à l’arrière-plan. D’une saison à l’autre, les feuilles des arbres rougissent et tombent, le sol se couvre de neige ou de pluie. L’accrochage proposé par l’artiste dans l’exposition ne suit pas de chronologie mais s’appuie plutôt sur des effets d’analogie. Il réunit les motifs qui se ressemblent : les photographies de personnes assises à côté de la table de ping-pong, celles qui se tiennent debout sur la table, les sportifs qui s’en servent pour s’étirer, etc. Certaines associations surprenantes cassent l’aspect systématique de l’ensemble, pour ménager des ruptures et des effets de surprise.

Tomiyasu Hayahisa, Fuchs, 2011-2016
Tomiyasu Hayahisa, Sans titre, série « FBT », 2015-2016

 

 

La série « FBT » a elle aussi été réalisée depuis la fenêtre de l’appartement où Tomiyasu Hayahisa résidait quand il habitait à Leipzig. Cette fois, il a fait le choix d’orienter son objectif vers un but de football situé à proximité de la table de ping-pong, photographiant les nombreuses activités qui s’y déroulent. Une fois de plus, on s’aperçoit que le stade sert à beaucoup de choses tout au long de l’année, et non uniquement à jouer au football. Ceux qui se réunissent autour du but l’utilisent pour diverses raisons extra-footballistiques : faire des tractions, s’y suspendre, s’asseoir à son sommet, faire de la balançoire ou bien y accrocher son vélo.

La mise en espace de la série « FBT » accentue encore l’aspect minimaliste et sculptural de la cage de football visible sur toutes les images. C’est en effet la ligne blanche du montant de la cage qui guide les compositions au mur et ponctue la présentation de ces séquences d’images. La cohésion de l’ensemble est encore amplifiée par l’usage du noir et blanc, qui atténue les différences et unifie les teintes. Dans ce mode de présentation, le rythme est essentiel : les séquences semblent autonomes mais, comme dans une chanson, certains motifs ou situations se répètent, s’additionnant au final pour constituer un tout cohérent.

Agenda

04.11 – 18h
Vernissage de l’exposition

05.11 – 14h
Rencontre avec l’artiste

10.11 – 18h
Visite flash de l’exposition

24.11 – 18h
Visite collection (Dominique Delpoux)

03.12 – 15h
Visite conférence avec le dispositif Micro-Folie à l’Espace Sainte-Anne

08.12 – 18h
Visite flash de l’exposition

05.01 – 18h
Visite collection (Ton Huijbers), suivie d’une rencontre avec le designer plasticien Valérian Henry

12.01 – 18h
Visite flash

Vues de l’exposition

photo : Aurélien Mole
photo : Aurélien Mole
photo : Aurélien Mole
photo : Aurélien Mole
photo : Aurélien Mole
photo : Aurélien Mole
photo : Aurélien Mole
photo : Aurélien Mole
photo : Aurélien Mole
photo : Aurélien Mole
photo : Aurélien Mole
photo : Aurélien Mole
photo : Aurélien Mole
photo : Aurélien Mole
photo : Aurélien Mole
photo : Aurélien Mole
photo : Aurélien Mole
photo : Aurélien Mole
photo : Aurélien Mole
photo : Aurélien Mole
photo : Aurélien Mole
photo : Aurélien Mole
photo : Aurélien Mole
photo : Aurélien Mole
photo : Aurélien Mole
photo : Aurélien Mole