imagerie

Retour

29.06 - 03.10.1998

Reportages. 20 ans après :
20e Estivales photographiques
du Trégor

Letizia Battaglia
Georges Dussaud
Jacques Faujour
Cristina Garcia Rodero
Bruce Gilden
Lars Tunbjörk

Carton des 20e Estivales photographiques du Trégor, 1998

Le 18 août 1979 débutait le 1er Festival photographique du Trégor au programme duquel figuraient les reportages de Willy Ronis, Guy Le Querrec, Dennis Stock et de plusieurs photographes de Bretagne regroupés au sein du groupe « Sellit ».
Été 1998 : 20e édition de la manifestation. Les Estivales retournent au reportage et, à travers les œuvres de six d’entre eux, souhaitent rendre hommage à tous les photo-journalistes qui ont su porter témoignage de ces deux décennies.

Letizia Battaglia, « Chroniques siciliennes »

« Il y a toujours des enfants à côté des cadavres attentifs, curieux, presque aux aguets, attirés par le sang, les trous béants creusés dans les corps, le rituel tragique des scènes mortuaires. La mort fait partie de leur vie. La mort violente. C’est donc sur le terrain que l’école de la “lupara” continue à fabriquer dans les quartiers populaires les futurs adhérents de base de “l’onorata società”. Doublement victimes au bout du compte de l’organisation mafieuse. » Ce sont ces petites victimes décrites par Marcelle Padovani dans Chroniques siciliennes (Centre national de la photographie, 1989) que Letizia Battaglia a côtoyées et photographiées pendant de longues années sur les trottoirs de Palerme tout comme elle a su saisir ces femmes figées dans le deuil, ou folles de douleur face au corps sans vie d’un mari ou d’un fils.

Sicilienne elle-même (née en 1935 à Palerme), Letizia Battaglia, après une expérience de journaliste au quotidien L’Oro, photographie depuis 1974. Elle raconte depuis lors cette « chronique ordinaire » de la Sicile de la mafia qui lui a valu notamment le prix W. Eugene Smith de la photographie sociale.

 

Georges Dussaud

« Liant réalité et vérité, la vraie grâce du corps est d’ailleurs peut-être bien, en fin de compte, celle d’inspiration naturaliste et humaniste qu’offre, non sans joie, Georges Dussaud pour qui le corps est, non seulement le lien où se concentrent toutes les émotions, mais aussi l’instrument grâce auquel l’opérateur, par une saisie ethnographique et pittoresque, s’implique affectivement dans son travail et, oubliant sa propre image, brouillant les fausses apparences, met réellement à nu la vie de l’âme. » (Patrick Roegiers)

Georges Dussaud vit en Bretagne. Des rives du Douro à celles du Gange, du quotidien du paysan du Tras Os Montes à l’atmosphère embrumée des pubs du Connemara, il a parcouru le monde au cours de ces vingt dernières années, l’observant et l’enregistrant en noir et blanc avec « la discrétion du photographe humaniste ». Photographe à l’agence Rapho, il a publié plusieurs livres dont : Portugal, terra fria (Marval, 1997), Variations sur un temps incertain (Apogée, 1995), Un livre d’heures (Filigranes, 1992).

 

Cristina García Rodero, « Espagne occulte »

Dans la grande tradition du photo-journalisme engagé, Cristina García Rodero a dressé un panorama des fêtes et traditions populaires en Espagne, mélange de paganisme et de christianisme. Ce travail qui raconte les rites de ces fêtes qui essaiment dans toute la péninsule ibérique aujourd’hui, où l’humour le dispute parfois à une certaine violence, nous fait découvrir un monde où l’occulte serait peut-être dans le mystère de ce peuple à avoir su conserver au fil des siècles des traditions indéfectibles, issues d’un temps très lointain.

Cristina García Rodero est née en Espagne en 1949. Elle commence, après des études d’art, un travail sur les fêtes populaires espagnoles tout en enseignant la photographie. Elle a reçu le prix W. Eugene Smith de la photographie sociale en 1989 et le prix World Press Photo en 1993. Elle est représentée en France par l’agence Vu’.

 

Bruce Gilden, « Haïti »

« J’ai été longtemps intrigué par Haïti, ce pays du tiers-monde situé à trois heures d’avion de New York et qui a une passionnante culture de rue. En 1984, lors de mon premier voyage dans l’île, je me suis dit “Pourquoi n’y suis-je pas venu plus tôt ?” car je suis tombé immédiatement sous le charme de celle que je considère comme ma seconde patrie. Tout au long de mes nombreux séjours, j’ai cherché à visualiser la vérité voilée de la culture caraïbe la plus mystérieuse, à explorer le cœur et l’âme de ce peuple si contradictoire… Travailler au grand angle m’a permis d’être au cœur du sujet, de participer à la vie de mes modèles que j’ai toujours photographiés en noir et blanc, plus adapté selon moi pour dépeindre la dualité haïtienne, celle d’un peuple qui conjugue passion et apathie, cruauté et fatalisme, résignation et désespoir… »

Né en 1946, Bruce Gilden vit à New York. Son travail de « photographe de rue », à la lisière du reportage et de la photographie d’auteur, lui a valu plusieurs bourses et distinctions (Villa Medicis hors les murs, National Endowment for the Arts…). Le livre Haïti, publié par les éditions Marval en 1996, a reçu cette même année le prix européen du Livre Photographique.

 

Lars Tunbjörk, « Ma suède »

« Lars regarde le monde comme une réalité colorée dont il a la charge de mettre en forme les cohérences et les incohérences. Avec un humour dévastateur et sans aucune méchanceté, il pratique la jubilation colorée comme d’autres la critique sociale en noir et blanc… Sa Suède est évidemment incroyable. Elle est photographique. Pas plus. Elle dit en même temps une attitude critique vis-à-vis d’une société que nous croyons désirable et qui se révèle détestable et dérisoire, et une véritable passion pour l’exploration du réel. Une œuvre contemporaine comme il en est peu, modeste et aiguë, virulente et souriante, mystérieuse et toujours distante de son objet grâce à une palette de peintre néo-réaliste. » (Christian Caujolle)

Lars Tunbjörk est né à Boras, en Suède, en 1956. Il commence sa carrière de photographe en collaborant au journal local en 1975 puis s’installe à Stockholm un an plus tard comme photographe indépendant. Il passe depuis au crible de son regard ironique et mordant le quotidien de ses compatriotes. Ses photographies ont été publiées dans deux ouvrages, Gränslösa bilder (1987) et Landet utom sig (1993). Il s’agit ici de sa première exposition en France, avec le concours de l’agence Vu’.

Jacques Faujour, « Pouleïs, un village des Monts d’Arrée » (exposition présentée à la MJC de Bégard)

« Pouleïs, un village des Monts d’Arrée » est le fruit d’une rencontre. Celle d’un artiste et d’un village breton. En 1967, le peintre Jean-Claude Faujour décide de s’installer au village de Pouleïs, quelques dizaines d’âmes situé dans les monts d’Arrée en plein cœur du département du Finistère. Il y trouve une philosophie de la vie, un certain « art de vivre » (mais menacé de disparition à court terme) et invite son frère Jacques, photographe, à en fixer les moments significatifs. Les années passent, les images s’accumulent mais au milieu des années 1980, le départ ou la mort de certains membres de cette petite communauté met un terme définitif à cette existence du passé.

Breton d’origine (né à Morlaix en 1949), Jacques Faujour, après des études à l’école Louis Lumière, travaille comme photographe au Musée National d’Art Moderne. Son travail personnel (« Bords de Marne », « Jardins de banlieue », « Pouleïs »), où domine son attachement à l’homme et à son environnement, a fait l’objet de nombreuses expositions. La série sur le village de Pouleïs a été publiée en 1993 aux éditions La Grange aux livres .

Vues de l’exposition

Letizia Battaglia
Lars Tunbjörk, Jacques Faujour, Letizia Battaglia et Georges Dussaud le soir du vernissage de l'exposition à L’Imagerie
Vernissage de l'exposition de Jacques Faujour (au centre) à la MJC de Bégard
Letizia Battaglia avec son appareil photo pendant le vernissage à la MJC de Bégard