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23.03 - 15.06.2024

Au-delà des apparences

Bernard Descamps

Bernard Descamps, Château de Saumur, 1979

Après des études de biologie, Bernard Descamps, né en 1947, devient pleinement photographe en 1975. Voyageur inlassable, il parcourt par la suite l’Afrique et l’Asie à partir des années 1980, à la rencontre de leurs habitants et de leurs coutumes, que ce soit au Maroc, au Niger, en Inde, au Vietnam, etc. Sans pour autant proposer une photographie de reportage ou bien de voyage, il est l’auteur d’une œuvre formelle très maîtrisée, qui porte de manière étendue sur la question du paysage, se souciant autant de comment celui-ci est représenté que des façons de l’habiter. Quand il photographie les Pygmées en Centrafrique, les Peuls au nord du Mali, les pêcheurs à Madagascar ou encore les Berbères dans le Haut Atlas marocain, son regard s’oriente sur leur présence dans leur environnement, que ce soit la forêt, le rivage ou le désert.

Avec l’adoption du format carré dans les années 1990, il systématise son travail de cadrage au plus près des éléments, jouant dans ses compositions sur le hors champ et sur l’équilibre entre les vides et les pleins. Il privilégie dès lors les compositions fragmentaires, comme tronquées, quitte à parfois couper le sujet de ses images. Le long des pentes de l’Etna ou au bord des côtes islandaises, ses compositions tendent alors de plus en plus vers l’abstraction, jusqu’à ce que la montagne, la neige et la mer occupent tout l’espace. Les photographies de Bernard Descamps sont autant d’invitations à dépasser les représentations du monde tel qu’il nous est donné à voir, pour aller au-delà des apparences.

Dans les années 1980, Bernard Descamps se rend en Afrique du nord, dans le Sahara algérien. Lors de trois voyages successifs en 1982, 1983 et 1984, il traverse le désert à la recherche de lieux entièrement vides de toute trace de vie humaine. Photographiant les dunes et les roches, il fait du paysage un espace minéral pensé comme une alternance de masses sombres ou claires. À travers son objectif, les dunes semblent dessinées au pinceau, avec des ombres bien nettes, des courbes presque sensuelles et décorées de motifs de vagues tracés par le vent. Ses images sont construites en cadrant les formes créées par le sable de manière resserrée – parfois sans ciel –, de telle sorte qu’on ne sait plus si ce qu’il photographie est petit ou gigantesque, proche ou bien très lointain. Ne reste que la matière minérale, qui devient dès lors matière photographique.

Bernard Descamps, Sahara, 1983
Bernard Descamps, Sahara, 1983

Il met ensuite le cap sur le Maroc, dans les vallées du Haut Atlas. Là, il s’intéresse surtout aux Berbères et à leurs activités agricoles, dans leur lien à la terre. Dans les photographies qu’il rapporte, l’inscription dans ces paysages arides prime sur le regard exotique. Les femmes et les hommes berbères font ici corps avec le paysage, marchant sur les chemins de montagne, travaillant dans un champ de seigle, endormis dans les buissons parmi les chèvres.

Il poursuit plus au sud en Afrique ce qu’il a commencé au Maroc, s’appliquant à rendre compte du rapport à la terre et à la nature entretenu par certaines populations. Il photographie les Pygmées Aka en Centrafrique, qui sont un peuple de chasseurs-cueilleurs, puis les bergers peuls au nord du Mali. Plus tard à Madagascar, ce sont les pêcheurs qui retiennent son attention. Chaque fois, ses photographies montrent le paysage à travers son objectif, mais aussi à travers le regard de celles et ceux qui vivent dans ces lieux. C’est également lors de la réalisation de ces différentes séries que Bernard Descamps fait le choix du format carré, qui dès lors ne le quittera plus.

Bernard Descamps, Mali, Fleuve Niger, embouchure du lac Debo, 1997
Bernard Descamps, Mali, Fleuve Niger, embouchure du lac Debo, 1997
Bernard Descamps, Islande, Seljalandsfoss, 2010
Bernard Descamps, Sicile, l’Etna, 1992
 
Bernard Descamps, Hautes-Alpes, 1994
Agenda

22.03 – 18h
Vernissage de l’exposition

23.03 – 14h30
Visite et rencontre avec Bernard Descamps

30.03 – 15h
Visite conférence sur les paysages d’hiver avec le dispositif Micro-Folie à l’Espace Sainte-Anne

04.04 – 17h30
Visite flash de l’exposition

25.04 – 17h30
Visite collection (Frances Dal Chele)

21.05 – 18h30
Rencontre avec le photographe Charles Thiefaine

30.05 – 17h30
Visite flash de l’exposition

06.06 – 17h30
Visite collection (Richard Petit)

Cette exposition est organisée en partenariat avec les musées de Tours. Le Château de Tours a accueilli la première étape de l’exposition du 27 octobre 2022 au 16 avril 2023.

Le catalogue de l’exposition est publié par Filigranes Éditions.