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02.03 - 11.09.2021

André Kertész.
Marcher dans l’image

André Kertész

André Kertész, Élisabeth et André Kertész, quartier Montparnasse, Paris, janvier ou février 1936. Sélection de deux prises de vues d’après bandes négatives originales 35 mm numérisées / © Donation André Kertész, Ministère de la Culture, MAP, diffusion RMN-GP

La présentation de cette exposition d’André Kertész (1894-1985), l’un des photographes les plus illustres et populaires du XXe siècle, marque des retrouvailles avec ce grand artiste puisque L’Imagerie lui avait consacré, il y a plus de vingt ans, une rétrospective, du 16 octobre au 4 décembre 1999.

Plus qu’une exposition patrimoniale, il s’agit cette fois d’un regard original porté sur des images inédites : le commissaire, Cédric de Veigy, a ainsi plongé dans les négatifs originaux de Kertész réalisés à Paris avec son Leica entre 1930 et 1936, afin d’observer et de révéler les mécanismes de création à l’oeuvre chez le photographe.

Exposition itinérante d’envergure internationale, André Kertész, Marcher dans l’image a été produite en partenariat avec la Maison de la Photographie Robert Doisneau (Gentilly), Stimultania (Strasbourg), l’Hôtel Fontfreyde (Clermont-Ferrand) et le Musée de la Photographie (Charleroi, Belgique). Elle est accompagnée d’un ouvrage publié par les éditions André Frère, Lauréat du Prix HiP 2020 catégorie « Livre de l’année ».

André Kertész (1894-1985) compte parmi les regards qui ont ouvert des chemins nouveaux dans la photographie du XXe siècle. En avance sur son temps, il est un précurseur, l’un des premiers représentants de la modernité photographique par la diversité de ses sujets comme par l’éclatement de sa forme.

Il a largement contribué aux évolutions esthétiques et professionnelles du médium. Celui que Cartier-Bresson considérait comme l’un de ses maîtres a cependant eu une reconnaissance tardive.Son oeuvre (négatifs, archives, correspondances), léguée à l’État français par André Kertész en 1984 (et conservée depuis 2005 à la Médiathèque de l’architecture et du patrimoine), a fait depuis l’objet de nombreuses études, mais sa pratique du format 24 × 36 et son utilisation du Leica demeurent méconnues. Or, pour reprendre les mots de John Szarkowski (conservateur au MoMA de New York de 1962 à 1991) : « plus peut-être que tout autre photographe, André Kertész a compris l’esthétique particulière de l’appareil portatif et l’a rendue manifeste ».

Habitant Paris depuis 1925 (qu’il quittera en 1936 pour s’installer à New-York, où il résidera jusqu’à sa mort), Kertész se dote d’un Leica dès 1930. Avec cet appareil, l’oeil du photographe ne se concentre plus sur un dépoli mais se projette dans un cadre qui se juxtapose à son champ de vision. Le viseur, d’un genre nouveau, permet au regard de chercher ses repères dans l’image pendant que le corps prend ses appuis dans l’espace.

En emmenant ce boîtier dans les rues de Paris, les terrains vagues de banlieue et les chemins de campagne, Kertész invente en quelques saisons une démarche qui va ouvrir la voie à de nombreuses vocations de photographes : la déambulation photographique. « J’ai fait quelques pas avec lui, et j’ai eu l’image, » résume-t-il simplement. Une étude récente et inédite, menée par Cédric de Veigy (historien de la photographie, enseignant chercheur et commissaire d’exposition) sur les négatifs originaux conservés par la Médiathèque de l’architecture et du patrimoine a permis de reconstituer pour la première fois la continuité chronologique des images que le photographe a prises entre 1930 et 1936 avec son Leica.

Fruit de cette recherche, cette exposition itinérante, accompagnée d’un ouvrage de référence publié par les éditions André Frère (lauréat du Prix HiP 2020 catégorie « Livre de l’année »), propose de remonter à ce moment de la prise de vue et d’observer ces quelques pas de Kertész auprès de ceux qu’il photographie. D’un déclenchement à l’autre, nous découvrirons ses lieux et ses sujets de prédilection.

En partageant l’intimité de son regard, le suivant au moment de la prise de vue, observant ses différents cadrages, sa façon de se mouvoir et d’observer, visiteurs et lecteurs seront ainsi invités à mieux sentir comment le regard pense, à l’instant du déclenchement.

Commissariat : Cédric de Veigy