85,1 × 85,1 cm
tirage couleur numérique
2016
achat à Tendance Floue
inv. 2016.1.1
© Olivier Culmann
Membre du collectif Tendance Floue, Olivier Culmann parcourt le monde depuis les années 1990 pour réaliser des séries dans lesquelles il met en lumière le conditionnement et l’absence de choix des individus dans différents milieux, tels que l’armée (« Une vie de poulet », 1996-1998), la dépendance aux médias (« Watching TV », 2004-2007) et l’âge de l’adolescence (« Passages », 2016). Dans sa série « The Others », réalisée entre 2009 et 2013, il aborde les questions d’identité et d’altérité à travers une série d’autoportraits dans lesquels il se met en scène, dans la peau de plusieurs autres. Après son installation à New Delhi en 2009, le photographe entreprend de revisiter la tradition du portrait en Inde, notamment les codes vestimentaires et les modes de représentation du pays. Pour cette série, il s’est travesti en personnages fictifs, endossant une panoplie de vêtements et d’accessoires, et adoptant différentes postures face à l’objectif. Dans ses mises en scène, il utilise les vêtements comme autant de signes visibles d’une religion, d’une classe sociale, d’une caste ou encore d’une profession (politicien, policier, informaticien, etc.).
Ce projet se découpe en quatre étapes successives : une série d’autoportraits réalisés en studio devant un fond, une autre série d’autoportraits conçus avec l’utilisation de matériel numérique, des photographies déchirées puis recomposées par des laboratoires numériques et enfin des peintures réalisées d’après des photographies noir et blanc. Lors de la première phase, « l’exercice du studio devient tout autant un catalogue de ces lieux de prise de vue, avec leurs dispositifs et leurs accessoires […], que l’occasion ludique […] de se mettre en scène dans le cadre privilégié de constitution d’une identité photographique, ici détourné de sa fonction1. » Dans ce cliché, on découvre le photographe posant devant un décor peint dans un style naïf représentant une grande propriété et son jardin. L’ensemble des vêtements, accessoires et éléments du décor témoigne des aspirations du personnage incarné par le photographe à suivre les modes occidentales, avec son pantalon évasé emblématique de la mode disco des années 1970 et son t-shirt floqué de l’emblème de Superman, super-héros devenu l’une des plus grandes icônes pop américaines. À force de travestissements et en devenant tous ces « autres », Olivier Culmann devient lui-même une image, qu’il ne cesse de tourner en dérision. Accumulant les stéréotypes et donnant à voir des images fantasmées en lieu et place du réel, Olivier Culmann ne questionne pas sa propre individualité, masqué sous des lunettes noires, des postiches et une multitude d’accessoires, mais l’image à laquelle chaque individu tente de se conformer au sein de la société.
1 : Christian Caujolle, « Je est ‟autres” », in Olivier Culmann, The Others, Paris, Éditions Xavier Barral, 2015, p. 65-66.
Vincent Raoul
Expositions
· Résonances. La collection de L’Imagerie, Lannion, L’Imagerie, 24 juin – 28 octobre 2023
· Scrabble, écho & baryté. Collections photographiques du Carré d’Art et de L’Imagerie, Lorient, Le Lieu de la photographie, 31 mai – 18 août 2024