imagerie

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Boudinet Daniel
Petra. La Khazneh
1987

40,4 × 30,5 cm
tirage noir et blanc argentique

1987
achat à l’artiste
inv. 1987.2.2
© Daniel Boudinet

 

Bien que peu connu de nos jours, notamment en raison de sa mort prématurée du sida à 45 ans, Daniel Boudinet a pourtant largement contribué au renouveau de la photographie en France dans les années 1970 et 1980. Portraitiste à ses débuts, il a construit une œuvre à l’esthétique singulière, en parallèle de ses travaux de commande pour la presse et la publicité. À contre-courant d’un paysage photographique marqué par le photojournalisme, il a toujours suivi ses propres aspirations, au moment où s’inventait le statut d’artiste photographe. C’est au contact du milieu artistique parisien – qu’il fréquente dès son arrivée dans la capitale dans les années 1960 – qu’il affirme progressivement son goût pour l’histoire de l’art et pour des sujets associés à un passé lointain. La ville, qu’il capture essentiellement la nuit, éclairée par des lumières artificielles et vidée de toute présence humaine, va très vite devenir l’un de ses sujets de prédilection. Sa fascination pour l’architecture et les jeux de lumière le conduisent dans les capitales européennes, de Paris à Londres en passant par Rome, puis en Asie et au Moyen-Orient. Imprégné de références et des grands principes théoriques de la Renaissance, Daniel Boudinet construit ses photographies patiemment, en suivant une démarche minutieuse et un très lent temps de pose. Le dépouillement si caractéristique de ses compositions lui a d’ailleurs valu le qualificatif de « classique » par certains de ses contemporains. Assez naturellement, son attrait pour l’Histoire l’amène à photographier de grands sites archéologiques, vestiges d’un passé antique et mystérieux, à l’instar de Petra en Jordanie qu’il visite en 1987. Il y photographie les roches de grès rouge façonnées par le vent et le sable dans la cité nabatéenne vieille d’environ deux milles ans, et notamment la célèbre façade de La Kazneh, inscrite au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO depuis 1985. Ces images rendent compte d’un « rapport étroit à la statuaire1 » chez Daniel Boudinet. Peu contrastées et dominées par des camaïeux de gris, elles restituent à merveille la texture des roches et des reliefs de la façade sculptée dans la pierre, tout en révélant la maîtrise du noir et blanc du photographe2.

1 : Mathilde Falguière, Rodrigo Fontanari, « Roland Barthes/Daniel Boudinet, Une esthétique partagée », Focales, n° 4, 2020 [en ligne : http://journals.openedition.org/focales/810]
2 : Parallèlement à ses travaux en noir et blanc, Daniel Boudinet a également contribué, aux côtés de John Batho et de Luigi Ghirri, à légitimer en France l’utilisation de la couleur, jusque là associée à la pratique amateur.

Vincent Raoul

 

Expositions

· La Collection de L’Imagerie, Lannion, L’Imagerie, 28 novembre – 31 décembre 1994
· Un peu d’histoire(s). Fonds photographique de L’Imagerie, Lannion, L’Imagerie, 06 décembre – 28 décembre 2014
· Résonances. La collection de L’Imagerie, Lannion, L’Imagerie, 24 juin – 28 octobre 2023

 

Publications

· Gouriou Alain (dir.), Festival photographique du Trégor. 10 ans, Lannion, L’Imagerie, 1988, p. 48