imagerie

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Kern Pascal
Nature
2000

71,8 × 65,2 cm ; 71,8 × 65 cm
Cibachromes contrecollés sur aluminium, bois

2001
achat à l’artiste
inv. 2001.3.1.A-B
© Pascal Kern

 

Refusant de se limiter à un seul domaine artistique, Pascal Kern tire parti des possibilités offertes par chacun des médiums qu’il investit, remettant ainsi en cause les notions même de sculpture, de peinture et de photographie. Diplômé des Beaux-arts de Paris en 1975, il débute véritablement sa carrière au début des années 1980 avec sa série « Fictions Colorées » qu’il élabore en suivant un mode opératoire bien précis auquel il ne dérogera plus. Il arpente d’abord les friches industrielles à la recherche d’objets manufacturés, puis, dans son atelier, il les met en scène au sein d’installations, véritables « natures mortes contemporaines1 ». Dans sa série « Nature », cucurbitacées, troncs d’arbre et autres végétaux se sont substitués aux objets industriels. Si le sujet est modifié, la problématique soulevée demeure quant à elle sensiblement identique. Deux principes directeurs gouvernent en effet la mise en œuvre du travail de Pascal Kern : frontalité et réversibilité. Comme l’explique Philippe Piguet, « Quel que soit le “motif” dont l’artiste se saisit – objet de récupération ou élément naturel –, il y va à chaque fois d’une sorte de “vue” en surface, dressée à la verticale, qui oblige le regard à une appréhension de plein fouet. Celle-ci s’accompagne dans le même instant d’une perception embrassée de l’espace qui est rendue par la présentation recto-verso des formes mises en jeu2 ». Les images produites sont systématiquement frontales, dénuées d’arrière-plan et les prises de vue sont réalisées à l’échelle 1. Dans ces deux tirages Cibachrome, Pascal Kern poursuit son analyse des représentations de la surface et du volume. La frontalité des photographies bouleverse les repères visuels et rend difficile la distinction entre les reliefs et les creux du tronc d’arbre. La présence du cadre en bois renforce encore le sentiment de confusion, en créant une incertitude supplémentaire entre ce qui est réel et ce qui est représenté. En manque de référent, le regard du spectateur doit ainsi se soumettre à la « troublante spatialité » de ce tronc d’arbre coincé entre « flottement évanescent et planéité figée3 ».

1 : Sophie Caldayroux-Sizabuire, « Pascal Kern », in Sophie Caldayroux-Sizabuire, Lilian Froger (dir.), Catalogue des collections photographiques contemporaines du Musée d’art et d’archéologie d’Aurillac, Paris, Liénart, 2022, p. 200.
2 : Philippe Piguet, « L’espace entre-deux », in Pascal Kern (cat. expo.), Ibos, Le Parvis, 1998, n. p.
3 : Jean-Charles Vergne, « L’évanescente spatialité », in Pascal Kern, Sculpture (cat. expo.), Clermont-Ferrand, Frac Auvergne, 1998, p. 9.

Laurane Guillas