Malgré leur importance dans de nombreuses cultures liées à la mer (en Polynésie, dans le monde celtique, au sein des civilisations du pourtour méditerranéen), les poissons ont longtemps tenu un rôle purement décoratif dans les représentations artistiques. Même dans le domaine de la peinture, ils servaient généralement d’accessoires dans les natures mortes, parmi les corbeilles de fruits et les verres à pied remplis de vin. Jusqu’au XIXe siècle, les connaissances sur le monde sous-marin restent de toute façon très limitées. En conséquence, les poissons sont à cette époque avant tout étudiés et observés quand ils sont morts, une fois pêchés et disponibles sur les étals des marchés. Dans un premier temps, l’invention de la photographie n’y change rien, produisant surtout des images de pêcheurs qui posent fièrement avec leur prise entre les mains ou au bout de leur ligne.
Il faut attendre la première moitié du XXe siècle pour que la situation évolue, avec la mise au point d’appareils étanches et résistants à la pression, permettant le développement de la photographie sous-marine. Popularisées par les films de Jacques-Yves Cousteau et de l’Autrichien Hans Hass, les images aquatiques investissent les cinémas, les écrans de télévision, mais aussi les magazines comme National Geographic. Les spectateurs découvrent alors les espèces qui peuplent les océans, représentés directement dans leur environnement. Longtemps mystérieux car inaccessible, le monde des poissons révèle progressivement ses secrets, levant le voile sur la splendeur et la richesse de la biodiversité des fonds marins.
Cette exposition s’inscrit dans le cadre du programme d’expositions hors les murs intitulé « Les Rayons », mis en place par L’Imagerie en 2023. Celui-ci est pensé comme un projet pluriannuel qui doit se développer entre 2023 et 2026, avec pour objectifs principaux de rayonner à l’échelle du territoire afin de réduire les inégalités géographiques, de faire découvrir la pratique photographique à de nouveaux publics éloignés de la culture et de renforcer l’accès de tous les publics à la création contemporaine par le contact direct avec les œuvres. Ce programme vise également à accompagner le déménagement à venir de L’Imagerie au printemps 2026.
À partir d’une série d’œuvres acquises spécifiquement pour « Les Rayons », Paysages du silence prend la forme d’une exposition modulable qui se déplace sur le territoire du Trégor et plus largement à l’échelle du département des Côtes d’Armor, prioritairement dans des zones rurales et péri-urbaines. D’une durée variant d’une à quatre semaines, chaque étape se déroule dans un lieu partenaire identifié sur le territoire (école, hôpital, centre social, médiathèque, etc.).
La mise en place de ce programme hors les murs implique de tenir compte des spécificités des établissements et structures susceptibles d’accueillir l’exposition, qui ne sont à l’origine pas destinés à présenter des œuvres : absence de surfaces d’accrochage au mur, contraintes d’espace, absence de surveillance des œuvres, etc. Afin d’y remédier, il a été décidé de faire appel à un designer pour concevoir un équipement muséographique léger et modulable, permettant de s’adapter aux différentes configurations des sites qui accueilleront les expositions.
Le designer Brendan Cornic, diplômé de l’EESAB, site de Brest, a ainsi été invité à réaliser des éléments de mobilier pouvant s’ajuster selon les typologies de lieux accueillant « Les Rayons ». Prenant la forme d’un jeu de construction en bois à grande échelle, le système conçu par le designer autorise une grande variété d’agencement, faisant qu’aucune exposition ne ressemble aux précédentes. La simplicité du principe d’assemblage permet au public de prendre part facilement au montage des expositions. Sa participation est d’ailleurs nécessaire car il n’est pas possible de monter les différents éléments seul.
Deux livrets de visite imprimés ont été réalisés pour accompagner les expositions. Le premier, destiné au grand public, contient des reproductions des œuvres et propose des notices pour chacune d’entre elles. Le second est destiné aux enfants et vise à faire découvrir les œuvres et les artistes présentés dans l’exposition, des notions photographiques et quelques anecdotes en lien avec les poissons. L’illustratrice Amélie Fontaine a été invitée à prendre en charge la conception de tous les dessins présents dans le livret pour enfants.
Chacune des occurrences de l’exposition est accompagnée d’actions de médiation, notamment des visites programmées durant la période d’exposition dans l’établissement partenaire. Des ateliers de pratique artistique sont également menés par le chargé des publics de L’Imagerie.
Ce programme bénéficie du soutien de Lannion-Trégor Communauté et de la fondation pascaline mulliez sous égide de la Fondation de France.